Passion Militaria

Près de 40% des utilisateurs clandestins de détecteurs de métaux sont spécialisés dans l’une des deux guerres mondiales, voire dans celle de 1870. Cette proportion passe à 60% dans les régions qui ont été des théâtres d’opérations. Ils ciblent munitions, armes, insignes, épaves d’engins, petits matériels et effets personnels laissés sur les lieux des combats. Ils prospectent et fouillent aussi bien les lignes de front que les sites de batailles les plus intenses, Verdun ou les Plages du Débarquement classés Zone Rouge n’y échappant pas. Le hasard est ici totalement exclu : les pilleurs réalisent en amont des enquêtes sur le terrain, des recherches documentaires ou échangent des informations. La nature des lieux fouillés intégralement le prouve : hôpitaux de campagne, zones de parachutage, lignes d’artillerie, tranchées, camps de prisonniers de guerre, épaves d’avions, … Certains se font une spécialité des abris souterrains et d’autres prétendent faire de la « Bunker-archéologie » sur le littoral atlantique.

Légende : Abattu en juin 1944, à la veille du Débarquement de Normandie, ce spitfire a été renfloué sauvagement en 2010. Au mépris des règles de sécurité (dérive dans le fleuve, munitions à bord et déchargement dans une base de loisirs), les pilleurs ont aussi gravement endommagé cette épave. Les restes mortels du pilote qui se trouvaient dans le cockpit ont été perdus pour une grande part à cause des ces manœuvres de récupération.

Une mémoire volée

Les objets témoins de la mémoire combattante sont écoulés sur des sites de vente en ligne et par des réseaux spécialisés. Particulièrement friands des vestiges militaires des deux guerres mondiales, les Américains et les Britanniques payent des prix élevés pour ces « souvenirs ». Certains fouilleurs vont jusqu’à profaner des sépultures dans le seul but de collectionner ou revendre le petit matériel qu’elles peuvent contenir, y compris les dents d’or des soldats exhumés.

Les stigmates des combats ont durablement marqué les territoires. Restes humains jamais retrouvés et sépultures de guerre, oubliées ou non, y reposent. Là où se trouve un corps, le lieu est considéré comme une tombe. Ces soldats sont des cibles idéales pour les amateurs de détecteurs de
métaux. Portant toujours leur uniforme, leurs effets personnels qui permettraient de les identifier et leurs armes, ils sont systématiquement
dépouillés. Les sépultures sont éventrées, bouleversées, les ossements laissés au grand jour. Le viol des sépultures de guerre n’est plus depuis longtemps une affaire de découverte isolée. Il est pratiqué par de véritables réseaux organisés qui travaillent à la commande.

Blogs et fora, sites de vente en ligne, sont la vitrine du pillage. Les jeunes qui se livrent à la détection y sont nombreux. Ici, un obus dans une chambre ordinaire d’adolescent. 

Association Halte au Pillage du Patrimoine Archéologique et Historique - HAPPAH - agréée par le Ministère de la Culture

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